Je l'ai trouvée à l'envers. Ça se voyait aux chaussures. J'ai voulu en faire un travail pour l'école d'art.
Elle n'était pas assez abîmée et ils me l'ont refusée.
J'en ai été toute retournée. Du coup, je l'ai remise dans le caniveau où je l'avais trouvée. Il paraît que ce n'était pas assez conceptuel.
Mais je ne voulais pas en rester là.
Le lendemain, j'ai suivi la rivière. Il y avait un couple, en face, au bord de l'eau. C'était peut être les gens de la photographie, peut-être pas. Mais ça m'y a fait penser. J'ai pris un cliché avec mon téléphone portable, en douce, pour voir. J'ai mal visé. Je n'ai eu que leurs reflets.
J'ai pris un air innocent en passant à côté d'eux. Ils ne faisaient pas attention à moi. Un peu plus loin, j'ai jeté un coup d'œil sur l'écran numérique : c'était bien la même image ! A condition de la regarder à l'envers. Je me suis demandé pourquoi j'avais fait ça. Quel intérêt ?
Je me suis rendu compte que je n'avais pas vu leurs visages. Les rides sur l'eau empêchaient de les distinguer. C'était donc des inconnus à jamais. Si je les croise un jour quelque part, je ne les reconnaîtrais pas. Je voulais l'appeler : “Deux gens inconnus”. Encore refusé. J'en aurai pleuré de rage.
Je pense que la prochaine fois, il faudra que je la colle sur un bout de carton.
C’est difficile de travailler sur commande, mais on apprend beaucoup.
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