Je suis à la terrasse du Hollywood Palace, face à la mer. J'ai laissé mon chien stupide traverser la route de Los Angeles pour qu'il aille poser ses merdes sur la plage. Comme toujours quand j'attends quelqu'un j'écoute la conversation de la table à côté.

- je suis pas en forme bordel, j'ai encore gerbé cette nuit”, dit l'homme avec son air de vieux clodo mal rasé.

- je suis pas en forme non plus, dit la jeune et jolie fille assise en face de lui. Je ne sais pas comment tu fais pour picoler encore après ce qu'on a ingurgité hier soir.

- Justement, c'est la seule façon de se remettre en train.

- Tu crois ?

- C'est comme ça tous les jours ma poule. Je me rappelle que d'un truc, c'est que tu baises bien.

- Tu diras rien Buko ? Bonjour l'orgie…j'étais saooooule !

- Alors garde ta gueule d'ange et arrête de boire si t'aimes pas ça.

- Tas raison. C'est mon capital. Pas comme toi,. C'est ta sale gueule qui excite les gens. Moi j'ai ma carrière d'actrice…

-…

- tu crois qu'il va venir ?

- Demande à la poussière. Y vient jamais. Surtout depuis qu'il est aveugle et qu'il a perdu ses guibolles. Y m'a dit qu'il avait rendez-vous ici avec un journaliste. Mais j'y crois pas. Y voudrait bien, mais y peut pas. Soit tranquille, on ira chez lui si y vient pas. Tu l'auras ton rôle.

C'était il y a déjà pas mal de temps : en 1982. Le jour où j'avais rendez-vous avec Jonh Fante pour l'interviewer à la sortie de “Dreams from Bunker Hill' et qu'il n'était pas venu.



(traduit de l'américain par Franz Narbah)

Titre alternatif (selon si on compte les syllabes comme Buko ou non :