Pourquoi partir dans une île ? C'est l'archétype de l'ennui. C'est ici qu'on peut lutter avec les démons. Ce n'est pas le soleil qui les terrassent. Bon, sur l'île, il y a la rencontre avec le pêcheur, les nageuses ; d'accord. Pour lutter contre la solitude, on a le dialogue avec les arbres. Et puis pendant qu'on écoute ce que dit la mer, voilà les vagues démons qui débarquent en barque et t'embarquent, hé, hé, James.

A ce rythme, on devient vite un alcoolique des bas fonds, des hauts fonds et des algues, avec ce rhum trois Illets et ces zones d'ombres tombes torrides autours du bar avec Aldo. En attendant je n'ai plus faim ; mais je mange encore. Cossery dit que ce qui est le plus futile en l'homme est la recherche de la dignité. Vieillard orgueilleux.

A la piscine, je pense à écrire quelque chose d'infini. Directement, sans questions inutiles sur la nécessité ou ce genre de préoccupations castratrices , me lancer directement dans l'infini. “Les vagues de la terre“ sont un bon titre pour un infini texte de sortie de bain.

Il pense que le but est d'atteindre une sorte de sérénité égoïste, loin des morbidités provocatrices, dans un cadre résolu d'inutilité complète, mais non immobile.

Chercher toujours l'absence d'idées neuves, creuser sans cesse le même sillon, avancer comme un bœuf, chercher à éviter à tout prix la logique, susciter sans relâche le scénario absurde, inventer, avant garde.

Défense de tourner la plume autour du fumet des conques ! Ah ! Ah ! Qui pourra décrypter ça ? Pas même lui demain peut-être. Vous tournez sept fois votre langue dans votre bouche et puis vous vous taisez pendant que je crache.

Vous êtes vaniteux et fier de l'être, non ? Elle se refuse ? Tant mieux : cela nous évite le douloureux affolement de la chair. Restons sur notre territoire.

La misère est la seule attitude digne possible ; et la seule morale possible est de rire de la misère. C'est suffisant d'être un misérable, on ne va pas en plus se payer le luxe d'être malheureux. C'est facile d'écrire au fond. Surtout au fond du trou.

J'écris pour le journal pourri qui m'emploie. En mai, fais ce qui te plais. J'ai écris un crime, il l'a fait. Il a étranglé sa femme qu'il aimait trop, la garce. Elle l'aimait trop aussi d'ailleurs. Ça l'étouffait avec un couteau.

Madame Hitchcock, reculez s'il vous plaît. Vous êtes soupçonnée du meurtre de votre époux et nous allons vous verser vos droits. Pensez-vous qu'il avait une liaison avec une autre femme ? Une de ces blondes froides vertigineuses. Pensez-vous que vos corpulences pouvaient vous protéger jusqu'au bout ? Quand avez-vous prononcé pour la dernière fois le mot interdit, le mot “Amour“. Quand vous a-t-il dit pour la dernière fois “je vous aime“ ? Jamais ! Ce bonheur n'est pas comestible. Les maîtresse froides sont les pires. Hein, Madame Hitchcock ? C'est pour toucher les droits que vous l'avez poussé à commettre tous ces meurtres, et puis, finalement, que vous l'avez empoisonné.

Vous savez, aucune force au monde n'est capable d'ébranler la volonté d'aller vers le malheur.

J'ai tout rangé jusqu'au calme absolu. Ses bras blancs et tachés de son, Claudia, luisent doucement dans la lumière blanche du rideau. Lorsque j'écris, je n'ai pas le temps de vivre, et lorsque je vis, je n'ai pas le temps d'écrire. N'est-ce pas l'objet de toute cette confusion ? Tous ces gens à qui il faut écrire ! A vous, non, pas moi : vous.

Les cycles sont toujours semblables. Bonheur des arrivées, impatience des résolutions, tragédie des départs, souffrance de la renaissance, exaltation de la reconstruction, bonheur des arrivées, etc.

Trente cinq mille portraits sont dans la cave. Autant de cadavres probablement.

Cette journée est une poubelle car elle ne l'a pas vu : le voici de nouveau heureux, l'imbécile. Trois oiseaux noirs passent devant la montagne.