A Lyon y'avait Igloo et Légone, et aussi le Môgendre idéal et aussi Easter qui préfère se taire, et pis moi, quoi, qui la plupart du temps parle tout le temps.
Igloo qui découvrait que dans les bouchons, a l'entrée des traboules où font glouglou les bouteilles, à la Croix Rousse, à Fourvière, Il y a un mastroquet humoriste, un peu guide, un peu cuistot, un peu cuistre aussi, amis du Môgendre idéal.
Igloo qui pense qu'avant tout, il convient de ne pas traverser dans les clous, et que j'ai traitée de “non escroque“ (un escroc, une escroque). Igloo venue du sud (paradoxe vivant), jeune explorante de la capitale des gaules qu'elle n'avait jamais vue. Une cathare, rendez-vous compte !
Le gone Legone nous a stupéfié. C'est un grand marchand, modeste et compétent, avec un catalogue de livres rares et magnifiques, pleins d'images magiques, d'icône modern'style. Les prix ? : bonjour ; c'est pas pour ta gueule ! Sinon il traîne encore derrière lui un parfum de religiosité, une odeur de Mariste, découvreur des aborigènes, modeste et retenu ; mais il est fou c'est sûr sous sa douce écorce. Sinon, que ferait-il là ?
Et le Môgendre idéal ? c'est un berger d'enfants. Une sorte de joueur de flûte de Hamelin bénéfique à la carrure d'ogre de barbarie protecteur ; et sous la tignasse barbue suinte la douceur de l'homme qui aime les arbres.
Et l'Easter me direz-vous ? Comment elle est ? Comment elle est ? Elle à une natte ! C'est ça la grande affaire. Une grosse natte comme un chinois dans un roman de Jules Verne. Mais comme le machin lui pend dans le dos, je crois qu'elle ne s'en rend pas compte. Chut, on ne lui dit rien, d'accord ?
C'est notre cicerone. Il convient de la respecter. C'est la chef quoi. Elle ne dit pas grand chose, et, mais c'est son habitude, elle nous envisage comme une bande de galopins dissipés et un peu demeurés ; ce que nous allons demeurer j'espère.
Alors marcher épaule contre épaule avec tous dans la rue c'est un vrai plaisir. Surtout dans cet automne Lyonnais limpide comme un cliché d'Isis, sauf qu'i paraît que c'est l'automne et qu'il paraît que ce n'est pas Paris, mais Lyon, mais c'est aussi grand, mais c'est aussi gai, aussi gai que mai, c'est aussi vivant, et les petites rafales de pluie qui volent le soleil sont comme des amies.