Tu m’avais bien mis en garde pourtant.
Tu m’avais prévenu : “si tu arrêtes la boisson, fini les idées étonnantes qui font ta réputation de joyeux luron parmi tes collègues de la Poste. Tu vas te déshydrater physiquement et moralement”.

Et bien je ne t’ai pas écouté.

Pourtant, je suis bien obligé de reconnaître que c’est une funeste résolution. Mais tu me connais, je suis têtu comme une mule. Je m’y tiens.
J’étais trop fatigué tu comprends, vraiment extraordinairement fatigué.
Depuis ce matin donc, après avoir mis une ultime tombé de gnôle dans mon café, je n’ai plus bu une goute.
Et bien la journée s’est relativement bien passée. Je me sentais vraiment mieux qu’hier soir par exemple. J'étais un peu brouillé c'est tout.
Mais je ne peux pas t’écrire longtemps. À chaque jour suffit sa peine.
Ce soir je fais une exception. J’ai rendez-vous avec le Gros et Biquette. On doit se faire un petit poker.
Alors bien entendu, je devrais les accompagner. Tu les connais : ne pas boire avec eux ce serait leur faire insulte. Mais je recommence à arrêter demain évidemment.
Prochain épisode : j’arrête de fumer ! Je crois que je vais commencer par arrêter une vingtaine de fois par jour. Je ne compte pas les soirées dans un premier temps. La seule que je ne parviens pas à supprimer, c'est la première clop du matin. Si je viens à bout de la première, il n'y aura pas de seconde, me comprends-tu ?

Arrêter de boire c'est une affaire de courage. Arrêter de fumer est une question de logique.

Tu vois que je suis en bonne voie.


A bientôt mon Oncle.

Ton neveu affectueux,
Gaspard

PS : maintenant que j'ai arrêté de boire, tu pourrais peut-être recommencer à m'envoyer un peu d'argent ?